Intégration...
Une jeune fille, la vingtaine, métissée, vêtue à l'européenne. Un homme, en survêtement, la quarantaine, d'origine maghrébine. Se rencontrent dans le métro toulousain cet après- midi et échangent,à l'abri , à priori, des oreilles indiscrètes.
(...)
Lui : " ta mère est une brave femme, une bonne mère, courageuse, éduquée et fière. C'est bien! C'est vraiment dommage qu'elle soit mariée à ce français".
Elle : "oui, mais tu sais qu'elle en a beaucoup bavé, là, elle se refait une santé, elle ne va pas le garder très longtemps."
(...)
Lui : " rassure moi, tu vas toujours à l'école? tu es jolie, intelligente, tu parles bien maintenant".
Elle : " oui, oui ne t'inquiète pas, je ne pense qu'à mes études. Je n'ai pas de petit copain, et surtout pas de blanc."
Lui : "oui tu te comportes bien. Tu es consciente qu'il ne faut pas trainer avec les français. La France nous a fait beaucoup de mal, elle continuera. Nous savons que c'est un peuple de rats, ils kidnappent nos filles et leur tournent la tête . Il faut que tu travailles bien à l'école. Classe- maison, classe - maison. Rien d'autre. Tu te trouves une activité propre, du bénévolat par exemple. Et tu fais un sport, de la danse par exemple. Hé , c'est comme ça la vie. Tu te bats avec leurs armes. Tu leur ressembles.Tu te voiles jamais au moins?"
Elle : "non, Maman ne veut pas. Elle dit qu'il ne faut pas se faire remarquer."
Lui: "ta mère est vraiment une femme bien. Si je n'avais pas été mariée, elle aurait été la femme de ma vie. Elle sait ce qu'il faut faire maintenant. Si le français l'ennuie, elle peut m'appeler. Tu sais que je le tuerai. "
elle: " et tes filles, elles vont bien? Anaïs et ...?"
Lui : "Ah non, plus Anaïs. C'est trop français, trop catholique. J'ai changé leurs prénoms, Aï..., Naï... Leur père est algérien, leur mère aussi, elles doivent être fières de leurs origines. On est français, hein, mais que sur la carte. Ceux qui appelent leurs gamins Pierre, Paul, Jacques, c'est des riens du tout. Ils ont retourné leur veste et méritent le même traitement que ceux chez qui on vit. Ah, ils vont voir ! ils n'ont pas encore compris que la gangrène de l'Europe , c'était pas les musulmans qui se montrent, mais ceux qui sont instruits et qui vivent comme eux. On a perdu ce pays une fois, pas deux, hein!"