Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Aujourd'hui est un jour merveilleux...
Aujourd'hui est un jour merveilleux...
Newsletter
Albums Photos
Aujourd'hui est un jour merveilleux...
13 juin 2011

Etrangère

Il y a peu, une nièce m'a annoncé sa rupture avec son fiancé, récemment engagé. "Trop de souffrance pour peu de récompense"...Stages d'aguerrissement en série, absence qui s'éternise, pas de nouvelles, elle s'est heureusement vite rendue compte qu'elle ne supporterait pas cette vie-là. Sur le coup, j'avoue avoir été presque choquée, même si je respecte totalement son choix. ...et cela m'a fait réfléchir. Quelles souffrances ? pour quelles récompenses?

Les souffrances : l'absence, l'angoisse, la charge de travail qui nous est dévolue, à nous épouses, la totale disponibilité dont nous sommes censées faire preuve en toutes circonstances, la mobilité,l'abnégation, et pour moi, la plus difficile d'entre toutes, le sentiment de n'être de nul part et de n'appartenir à rien de définitif. Au quotidien, je n'y songe pas, notre vie est réglée en fonction de celle de mon époux.

Les récompenses : je peux affirmer que je suis heureuse dans ce rôle là, j'ai même "adapté" mon métier...Au quotidien, je ne me plains pas, et remercie le Ciel de m'accorder de vivre auprès d'un homme que j'aime et qui m'aime, d'avoir le privilège de pouvoir m'occuper de nos 3 enfants et de pouvoir, en prime, être extrèmement fière de lui, de ce qu'il représente, de ce qu'il accomplit.

Mais quelquefois, à l'approche des anniversaires de nos enfants en particulier, une vilaine petite voix vient me saper le moral. Parce que nous vivons en expatriés dans notre propre pays, il est rare que les goûters d'anniversaire réunissent plus que les copains de classe. Parce que nous vivons toujours à l'autre bout de la France, ou au-delà, il est rare d'avoir la visite de cousins par exemple. Les amis , ceux avec qui l'on aimerait juste boire un café pour s'entendre parler, se comptent sur les doigts d'une main, et sont eux aussi loin.

Quelquefois, je rêve de grandes fêtes d'anniversaire, avec des invitations envoyées auxquelles on répondrait "oui, nous serons là"! Quelquefois, je rêve de soirées passées sur la terrasse à papoter et qui se terminant par un "demain , nous venez à la maison" !

Oui , je crois que pour moi, la seule chose que je pourrais regretter, c'est cette absence chronique d'attachement, de répère. Au fil des ans, l'exaltation des déménagements, de cette possibilité sans cesse renouveler de rencontrer de nouvelles têtes, s'essoufle. Au fil du temps, j'aspire à chérir une bande d'amis que je pourrais rencontrer à mon gré. Je rêve secrétement de connaître le prénom de la boulangère, de ne plus me tromper dans le nom des produits que je commande, typiques de chaque région, de ne plus avoir à apprendre de nouveaux plans de ville...

Quelquefois seulement..je sais que l'anniversaire passé, j'aurai fait de mon mieux pour que l'enfant en question aie passé une belle journée.

 Hommage à nos épouses (texte de tradition, lu à notre mariage religieux)

Le Bon Dieu était en train de créer un modèle de femme de militaire et en était à son sixième jour de travail supplémentaire, quand un ange apparut.
Il dit : "Seigneur, il semble que vous avez là beaucoup de soucis. Qu'est-ce qui ne va pas avec ce modèle ?"
Le Seigneur répondit : "Avez-vous vu les instructions concernant cette commande ? Cette femme doit être totalement indépendante, posséder les qualités à la fois du père et de la mère, être une parfaite hôtesse pour quatre invités comme pour quarante, et ce avec une heure de préavis, parer à toute urgence sans manuel, être capable de poursuivre ses activités allègrement même si elle est enceinte et grippée, vouloir bien déménager dans un nouvel endroit dix fois en dix-sept ans, et surtout avoir quatre bras."
L'ange secoua la tête : "Quatre bras ! Impossible !"
Le Seigneur poursuivit : "Ne vous en faites pas, nous ferons d'autres femmes de militaires pour l'aider. Et nous la doterons d'un coeur énorme pour qu'il puisse se gonfler de fierté au récit des exploits de son mari, supporter la douleur des séparations, continuer à se battre régulièrement quand elle est débordée ou fatiguée, et assez grand pour dire "je comprends" même si elle ne comprend pas et dire "je t'aime" sans réserve."
"Seigneur" dit l'ange en lui touchant le bras doucement, "allez vous coucher et prenez un peu de repos, vous pourrez terminer demain."
"Je ne peux pas m'arrêter maintenant" dit le Seigneur, "Je suis si près de réussir à créer quelque chose d'unique. Déjà ce type de femme se guérit toute seule quand elle est malade, peut héberger six invités imprévus pour le week-end, dire au revoir à son mari sur un quai, sur une piste ou dans une gare, et comprendre pourquoi il est important qu'il parte."
L'ange fit le tour du modèle, du modèle de femme de militaire, l'examina de près et soupira : "Elle a l'air bien, mais elle semble fragile."
"Elle a l'air peut-être fragile", répliqua le Seigneur, "mais elle possède la force du lion ! Vous n'imaginez pas tout ce qu'elle est capable d'endurer."
Finalement l'ange se pencha et fit glisser son doigt sur la joue de la création de Dieu. "Il y a une fuite", annonça-t-il, "et je ne suis pas surpris qu'il y ait une fissure, vous essayez d'en mettre tant dans ce modèle !"
Le Seigneur parut offensé par le manque de confiance de l'ange : "Ce que vous voyez là n'est pas une fuite, mais une larme."
"Une larme ! Pourquoi donc ?" demanda l'ange.
Le Seigneur répondit : "C'est pour la joie, la tristesse, la douleur, la déception, la solitude, la fierté, et c'est une dédicace à toutes les valeurs auxquelles son mari et elle-même sont attachés."
"Vous êtes un génie !" s'exclama l'ange."

 

Publicité
Commentaires
P
Merci beaucoup pour ta visite qui me permet de découvrir ton univers :-) Il faudra que je revienne lire ta prose quand mes minus me laisseront un peu de répis :-)
J
Ma chérie, cet état des choses peut évoluer. Nous ne sommes pas obligés de repartir d' où nous sommes. Cela implique de profonds changements dans notre mode de vie, mais c'est faisable. Il suffit de le préparer dès maintenant...<br /> Si tu le souhaites, je suis d'accord.<br /> Je T'aime
M
Comment vas-tu ?<br /> Bisous tt plein
M
J'aime beaucoup ce texte que j'ai lu à mon mari d'ailleurs. <br /> Je compatis et t'admire, bravo ! <br /> J'aime aussi beaucoup ta façon simple de nous ouvrir ton coeur ! <br /> Etrangement, même si je ne suis pas une femme de militaire, je partage quelques sentiments comme toi... Je comprends la difficulté des déménagements à répétition, se refaire un cocon, des amis, des connaissances etc... <br /> Je comprends aussi la difficulté de l'éloignement, 3 ans que nous sommes à Perpignan, dans le village le plus pourri niveau mentalité/intelligence/ouverture d'esprit etc.. que compte la France, 3 ans que nous sommes là,3 ans d'enfer, et 2 ans 1/2 de désert social, pas un ami, pas une amie, pas une seule soirée, pas de vie sociale tout court.. peu à peu ça s'arrange, mais c'est long, et nous ne songeons qu'à une seule chose : repartir ! <br /> Pour te dire à quel point, lorsque j'ai accouché de Raphaël, mon 1er qui a 2 ans, une des sage-femmes est venue m'apporter un paquet de gateaux en me disant "c'est de la part de l'équipe, on a vu que vous étiez la seule à n'avoir aucune visite, ça nous a fait mal au coeur, c'est pour vous réconforter..." <br /> Je connais l'éloignement et compatis de tout coeur, tiens bon ! <br /> Ton mari est un héros, et toi son Héroïne qui le porte, et porte sa famille chérie sans qui, il aurait ce vide immense, <br /> Je t'embrasse, <br /> <br /> Marine
M
Oui, l'amour nous donne la force de continuer et de tout affronter...Pleins de bonnes choses à venir pour vous tous...Bises
Publicité